Sarah Mostrel
(Israël-France)
Accompagner
Te suivre le long du défilé de lettres
qui s’étale et danse
Au fil de leurs rondeurs
Les traits et leurs hésitations
Permuter l’ordre instauré
Percevoir autrement
Cette posture qui se cambre
Se lève ou bien s’étend
Traduire en un langage
Expressif, abrupt
Les courbes généreuses
Penchant à droite, à gauche
Déduire ce qui se dit
dans cet autre langage
Frôlant l’universel
Confondant les humains
Sans ce précieux passage
nous resterions si seuls
Avec nos signes étroits
Nos écarts sans rosaces
Nous mourrions sur le champ
Sans éprouver ces mondes
Ignorant la culture
ample et étrangère
Lorsque la tour de Babel
Opta pour ce chaos
La soif de te connaître l
prit le pas sur le clos
Voix à relier
A dire, à écouter
Voix à entendre
Altérité bienfaisante
Créant le doux désir
Toujours inassouvi
De rejoindre l’inconnu
Cet Autre encore lointain.
Unir
Un verbe attachant me rappelle le soleil
Brille en mon esprit
Comme luisent les fards
Comme file l’étoile
Dans l’espace, dans le temps
Dans les nues entrouvertes
quoi d’autre que la parole
Pour briser cet écart ?
Unir nos bouches
Et atteindre le ciel
Rejoindre les astres
Vies qui naissent, vies qui meurent…
Le destin se répète
Les hommes, petits ou grands
Jaunes, rouges, blancs ou noirs
S’adonnent à l’existence
Prennent exemple
Sur celui qu’on raconte
Qu’on lit, qu’on imagine
Qu’on a connu peut-être
Ou bien rêvé,
espéré dans un livre
Idéalisé, imité
Celui qu’on plaint ou qu’on craint
Celui qu’on veut sauver
Lui adressant nos vœux
Par des mots, par la voix
Par la grâce des rimes
Par le savoir enfin
Traduisant en des plis
Ce qui se fait, ne se fait pas
Confinant un mode inédit à l’aurore
Les hommes se ressemblent
La nature en couleurs
Les enveloppeE
A tout âge, de raison
Parfois en filigrane
Dans le frêle horizon
Rempli de catastrophes…
La vie, une loterie !s
Une conjoncture inconnue
Une Terre d’espoir
Où les peuples s’unissent
Conjuguent leur sort
par une langue échangée
Mêlée, improvisée
Adaptée à l’ensemble
A l’amour, aux infinis
Aux vers habitant les silences
Comblant les maux,
comme pour dire
Je suis
Tu es
Nous sommes
Un.
Sur le pont des soupirs
Une passerelle insistante.
Ne perds pas de temps
Revêtis sans tarder le vêtement de la Vie.
Aimer
Danse autour des sons
Des fentes de l’histoire
Déchiffre les rondes
Décode les noires
Notes et double-croches
Relatent le quotidien
Les coutumes, les blanches
et les rêves anciens
La démocratie va persistante
Explore la racine
Fait avancer le temps
Réchauffe les cœurs
Accorde, remet, tolère
Les virgules apostrophes
En valse à quatre temps
A fin de plénitude
Des pas bien actuels
Couleurs brutes, sauvages
Reviennent en cymbales
Réitérant la course
Remettant à zéro
Les points, les certitudes
Le feu du commencement
Quand le verbe n’était point.
Ouvre ta chaumière
Un long chemin passant
Aux aèdes interprètes
Ecoutant, transposant
Les idiomes étranges
La culture féconde
Partage cette manne
L’étreinte de cet Autre
Quand de sa main ouverte
Il t’accueille, bienveillant
Dans la paix
et la cordialité de l’âme
A la source du Tout
A l’aube du temps présent
Où vibre le réel
Où règne l’exégèse
Harmonisant le ciel
Orné des différences
Sacrément fructueuses
Donnant tout sens au monde.
©Sarah Mostrel
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BIO
Sarah Mostrel vit à Paris. Journaliste, écrivain, de formation initiale ingénieur, elle a publié un
roman « Un amour sous emprise » (éd. Trédaniel, 2016) ; deux essais : « Pour un humanisme éclairé » (éd. Au pays rêvé), « Osez dire je t’aime » (éd. Grancher), plusieurs recueils de poésie dont les plus récents : « Le grand malentendu » (éd. Z4, 2016) et « Chemin de soi(e) » (éd. Auteurs du monde, 2015) illustrés de ses propres photos ; un livre de spiritualité « Célébration » (éd. Unicité, 2016) illustré de ses peintures (livre qu’elle a mis en scène et joué sur une scène parisienne); des recueils de nouvelles : « Révolte d’une femme libre », « La dérive bleutée » (éd. L’Echappée belle), des livres d’artiste (éd. Transignum)… Elle a reçu plusieurs prix dont la médaille Arts Sciences Lettres (2015) et figure dans divers anthologies. Auteure-interprète, elle a sorti 3 albums et chante sur ses textes sur les scènes parisiennes.
Sarah Mostrel parle plusieurs langues : le français, l’anglais, l’hébreu, un peu d’espagnol.
« A cœur défendant », paru en aux éditions Transignum en 2011, est bilingue français-anglais. (Traduction de sa poésie par Michel Lavaud).
« D’aussi loin qu’il m’en souvienne », paru en 2017 aux éditions Transignum, comprend 10 de ses poèmes traduits en hébreu, par Marlena Braester.
Page Facebook : www.facebook.com/sarah.mostrel
Clips You Tube : www.youtube.com/user/SarahMostrel
Site : www.sarahmostrel.online.fr/
Interview en anglais par la radio canadienne CKCU.