Roland Rutili
(France)
GRIS-CRI-CRISE
Gris – la sonnerie qui m’extirpe des cauchemars
Gris – le cadran doré de l’assommoir matineux
Gris – le voilage écru qui orne le lit
Gris – le spectacle désolant d’un soleil plombé
Gris – la chambre au plafond blanc
Gris – les cloisons bigarrées
Gris – la barbouille
Gris – miroir pisseur qui orne mes quatre murs
Gris – le chêne que je foule
Gris – le poignet de la porte mauve grotesque
Gris – le nacre d’aisance où se pose mon séant
Gris – les sons de la baignoire noire
Gris – le corps bistré qui s’y décrasse
Gris – la serviette rouge sans fragrance
Gris – la gueule, ma sale gueule qui transperce mes larmes
Gris – la barbe jaunie par les secondes
Gris – le fond de la bouche délabrée
Gris – les chicots aveuglants qui résistent,
Gris – le crâne cuivré dégarni
Gris – la cravate à pois verts
Gris – l’accoutrement bigarré de clown
Gris – les pompes vernies avachies
Gris – les poches percées
Gris – le corps rabiboché
Gris – l’Adonis qui part en quenouille
Gris – la matière grise qui cafouille
Gris – le rouquin des cheveux de la moitié
Gris – les pantins errants blafards
Gris – les yeux azurs perdus par la rue
Gris – les fantômes roses qui déambulent dans les rêves
Gris – l’éclat du rire de Gavroche
Gris – l’étendue des couleurs lisses
Gris – les murs des fortunes infortunées
Grise, la couleur de l’espoir de la jeunesse passée
Gris Noir – le souffle du temps dans ma nuque parfumée par des oublis
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Roland Rutili ne comprend pas le monde d’aujourd’hui. Surtout son fonctionnement robotique. C’est pour cela qu’il s’adresse souvent à la poéticité des énergies interplanétaires… Il tient des conférences publiques sur où et comment sur-vivre naturellement dans un monde artificiel…