Martine-Gabrielle Konorski
(France)
TEXTES INEDITS
A l’accroc de
ce geste
Paroles guettées
hors-sol
consignées dans ce vide
Entre deux
Entre nous
Retentissante peur
d’un aller simple
comme un battement d’ailes.
C’est une longue caresse
Le rêve s’en éloigne
Simplement une main
suspendue à ton bruit
C’est un jour de brume chaude
en forme de nulle part
enseveli sous l’herbe
pour désosser ma peine
Dans le ciel assourdi
flotte la mémoire
du jour.
A bout de souffle
au pied de l’arbre creux
J’essaie de rencontrer
le monde
Je tente le dernier
embrasement
Dans l’air du soir
posé sur mes genoux
un triste jour m’attend
à l’ombre de mon ombre
Ma peur se déchirera
Ecorce de peau
sous la caresse du vent.
Sur ton pas arythmique
J’ai laissé mes cendres
La tristesse
si pleine
qu’il en reste toujours
Rondes larmes
Serrées dans le poing
Ecrasées
Garder au fond de soi
le goût du disparaître.
Eclats d’œil
sur un miroir
blessé
Des visages sans tain
Des lèvres coquelicots
Corps naissants
Corps brisés
A travers le reflet
qui convoque la beauté
Le regard effacé
au delà du lointain
Je suis restée assise
immobile
face à la glace
J’ai rêvé des histoires
aux couleurs de musique.
Une pluie fine à travers le soleil
Tourbillons de nos rêves
sur la corde des jours
Le temps s’étire
Paupières
à l’unité solaire
Jambes piquées
au sang
dans la moiteur du soir
Mémoire de l’asphodèle
à l’été finissant
Nos sourires ont séché
sur la route des plages.
Tourbillons pourpres
dans la jupe
aux voiles sombres
Une clameur syncopée
Pulsation
à la source du sang
La danse inépuisable
enlace les étoiles
Regard
noyé fier
Derrière les noirs cheveux
la terre joue à cache – cache
Une lumière s’accorde.
Pas égarés
au ballast de l’aube
Réminiscences
à l’entaille du rêve
Le départ est donné
La main s’étire au loin
Regards
à la vitesse du son
Claquement cadencé
Pour assourdir le temps
des arbres.
Passé dans l’ordre des choses
L’aucune et la même
parole bégayante
Déverser de l’obscur
à la face des masques
vivants
pétrifiés dans l’amer
de la pluie et du sang
La langue s’est perdue
en son efflorescence
Resteront les murmures
Cendres au rebord du temps.
Ces grands ciels
étirés au couteau
dans le fond adouci
à la pointe du pinceau
Le regard éloigné
de distance éternelle
où
l’espace intérieur
saigne
dans l’infini
Bleu blanc gris
La mer s’est couchée
dans le ciel.
C’est une mer hachée
cicatrisée de bleus
à la fêlure pâle
d’un fil de ciel clair
Sous l’épaisseur du désespoir
Lumière
de la fusion des masses
aux couleurs frottées
Une plage normande
au couteau sur le mur.
Dans la pénombre
de notre effondrement
j’entends tinter
les chants irrésolus
A la source d’un mot
tremble l’inexorable
pour inventer les jours
qui ne nous restent plus
Se taire sous les mains
de l’amour inconnu
Guérir les saisons
qui se cognent à la lune
Danser contre le temps.
Il dort les yeux ouverts
irrisés
Pierres précieuses
en forme de noisettes
Battements sur la joue
écorchée
Il ne sent ni le vent ni la poussière
qui taillent sous la nuque
une plainte désespérée
C’est l’été qui s’étire.
L’aube est en vue
Les cordes de tes nuits
viennent de rompre
Il s’en est fallu de peu
Ils ont voulu te prendre
Te forcer à les suivre
Terre Terre
Tu as crié
Eclats de balles dans leurs têtes
Tâches de sang sur mains de bêtes
La langue d’homme les a fait fuir
Justement justement.
Verticale
Ainsi tu m’apparais
dans le drap blanc
dessiné sur ta peau
Sous le soleil
ta bouche de grenade
écarquille mes yeux
Ta main cueille la terre
au creux de l’arbre
aux pierres
Ici il est écrit
Possible peut-être.
Enlacement au vol
Baisers de bal
en noir et blanc
Les pieds se croisent
au rythme de la jupe
Soulèvements en tourbillons
pour une danse
à bras le corps
Musique sans paroles
Dans la lumière chromée
les yeux déposent le regard
Eclats de beauté sur pellicule.
S’ouvrent se ferment
les éventails
des yeux noircis
Les larmes diluviennes
emportent
la couleur
Souvenir sismique
Echo de la lumière
Couverture de terre
au vent
des citronniers
Sourire d’immortelles
dans un regard d’exil.
Les larmes
sont brodées
à l’angle de tes yeux
Cristaux de lune
sur ta joue
Ta douleur saigne
dans les ruisseaux
Sous la balustrade
sans ombre
Au coin du vent des vents
Dans la nuit de la nuit.
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Martine-Gabrielle KONORSKI a reçu le Prix « Poésie Cap 2020 » pour son livre « Je Te Vois Pâle… Au Loin », (Editions Le Nouvel Athanor).
Martine-Gabrielle KONORSKI, est de nationalité française et suisse. Après des études supérieures de droit, d’anglais et de sciences politiques, elle a développé une carrière dans la communication, au sein de cabinets ministériels, d’entreprises publiques et privées, en France et aux Etats-Unis et d’agences de communication américaines.
Ses activités professionnelles se sont le plus souvent déployées à l’international.
Elle a pratiqué la traduction en anglais et en italien.
Elle est également musicienne (piano et chant).
Pour Martine-Gabrielle KONORSKI, la poésie est une ancienne et fidèle compagne : « La poésie s’est imposée à moi, entre lumières et ombres, et c’est dans le brasier des mots que se construit mon chemin. C’est la musique de la voix et la danse intérieure qui tissent ensemble les mots, tel un ruban de vie ».
Martine-Gabrielle KONORSKI a publié il y a quelques années, « Sutures des Saisons » (Editions Caractères). Depuis, ses textes sont régulièrement publiés par des revues de littérature et de poésie (Incendits autour du sculpteur Georges JEANCLOS, Ecrits du Nord, Les Cahiers du Sens, Levure Littéraire, Les Carnets d’Eucharis, Terres de Femmes, Décharge, Le Capital des Mots, Paysages Ecrits, Terre à Ciel, Herbe Folle, Poésie Première…)
A l’occasion de la sortie de « Je Te Vois Pâle… Au Loin », Martine-Gabrielle KONORSKI a été l’invitée de la web-tv « Poésie Cap 2020 »[1] et la radio « Fréquence Paris Plurielle » [2] a consacré une chronique à son recueil de poèmes.
La Revue Europe (Mai 2015), a publié une note de lecture sur « Je te vois pâle … Au loin », (p.338-339), ainsi que Les Cahiers du Sens, (Juin 2015-N°25-p.206-207), la revue en ligne Terre à Ciel (Numéro de juillet 2015) et la revue en ligne Texture (Numéro de septembre 2015).
Martine-Gabrielle KONORSKI participe également à des lectures, dont cette année, Ladies First, organisée par Robert le Diable ou Le Club des Poètes, Lettres en vol…, à l’occasion du Printemps des poètes.
Elle écrit également des notes de lectures, chroniques, préfaces.
Derniers travaux en date : « Temps de terre, temps de pierre : Paul Auster architecte du chaos », chronique dans le numéro annuel des Carnets d’Eucharis consacré à la poésie de Paul Auster (Mars 2015). « La conjuration des imbéciles » de John Kennedy Toole, recension de lecture à paraître dans la nouvelle revue Rebelle(s) (novembre 2015).
Martine-Gabrielle KONORSKI est membre du Conseil d’Administration de « L’Union des Poètes & Cie » ainsi que du Comité de Rédaction de la revue « Les Carnets d’Eucharis ».
Elle est Chevalier dans l’Ordre National du Mérite.
http://www.martinekonorskipoesie.com
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[1]
[2] « Le lire et le dire » 106.3 FM