Ghislaine Lejard
(France)
Toute création est traduction du monde.
Ecrire des poèmes ou réaliser des collages, c’est donc traduire des émotions, donner à partager une vision.
J’aime particulièrement cette définition de la poésie par Marina Tsvetaieva : « Pour le poète aucune langue n’est maternelle. Ecrire des poèmes, c’est traduire. » En écho à cette phrase de la poète, on peut aussi dire que pour le peintre, le plasticien, le collagiste : créer, c’est traduire.
Il m’arrive en regardant des œuvres, d’avoir envie d’écrire un texte.
Voici en partage quelques poèmes nés de ces regards.
Il m’arrive plus rarement de poser des mots sur mes collages, une traduction de traduction en quelque sorte… Je vous en donne cependant à voir et à lire un exemple, extrait d’un recueil inédit Gwenn ha du, un titre emprunté au breton, qui signifie blanc et noir, nom qui est aussi celui donné au drapeau de la Bretagne.
Ghislaine Lejard
Salamanque, avec l’autorisation de l’artiste Antonio Navarro (Espagne)
Pieter Van de Pol (Pays Bas), avec l’autorisation de l’artiste
à Pieter Van de Pol
Le silence des oiseaux
empli l’espace
comme des notes posées sur la toile
ils invitent à la méditation
Le noir et l’or pour partition céleste
Le chœur des anges imperceptible
nous élève.
Leporello, Dessin, avec l’autorisation de l’artiste Irène Gomes (Portugal)
La femme renaît
de cette attente
toujours pareille
toujours nouvelle.
L’oiseau célèbre
la rencontre annonciatrice
d’une maternité
lavée de toute impureté.
De la création elle puise
des parfums nouveaux
nés des épousailles
de la terre et du ciel.
Le chant nocturne de l’oiseau
passeur de rêve et de poésie
s’élève pour elle seule.
La femme se repose
attend
l’oiseau se tait
ils communient au silence
dans la lumière du jour naissant.
Leporello – en collaboration avec Irène Gomez
Dessin, avec l’autorisation de l’artiste Irène Gomes (Portugal)
Dans l’exil de nos nuits
une source abondante
libère la moisson du jour.
Texte et collages : Ghislaine Lejard
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BIO
Née à Châteaubriant (Loire Atlantique).
Etudes de Lettres Modernes, Licence et Maîtrise à l’Université de Nantes. Professeure de Lettres Modernes en collège et lycée à Clisson, Ancenis et Nantes. Chargée d’enseignement à l’Université de Nantes de 2000 à 2006.
Ghislaine Lejard a publié plusieurs recueils de poésie, dernières parutions en 2015 : Orphée et Eurydice (Ed La Porte) et Si brève l’éclaircie (Ed Henry), en 2016 Un mille à pas lents (Ed La Porte). Ses poèmes sont présents dans des anthologies, dans de nombreuses revues et sur des sites. Elle collabore régulièrement pour des notes de lecture ou des articles à des revues papier et des revues numériques. Des plasticiens ont illustré de ses poèmes, des comédiens les ont lus. Elle organise des rencontres poétiques, participe à des lectures et anime des ateliers d’écriture.
Elle a été élue membre de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire, en 2011.
Elle est membre de l’association des écrivains bretons ( AEB).
Elle est aussi plasticienne, elle réalise des collages. Elle a participé à des expositions collectives en France et à l’étranger et a réalisé des expositions personnelles. Ses collages illustrent des recueils de poésie, ils sont présents en revues papier et numériques et dans des ouvrages consacrés à l’art du collage.
Ses collages sont dans des collections privées, des musées, et des fonds de médiathèques. Elle collabore avec des poètes à la réalisation de livres d’artiste, de livres pauvres et à la création d’une anthologie publiée sur son blog
http://ghislainelejard.blogspot.com
Un prochain site est en cours d’élaboration : http://ghislainelejard.com/
Elle anime des ateliers de collage.
Elle pratique l’art postal, a réalisé à Nantes et en région nantaise des expositions d’art postal ; elle a initié dans cet esprit le concept de « riches enveloppes », associant collage et poésie, de nombreux poètes y ont déjà participé.