Fernand-Joseph Meyer
(France)
L’idée de forêt
Des rêves à la fraîche
mousses, limaces, fougères
eau vive et paix soudaine
Les sources résonnent
Marcher, buissonner
ouvrir le chemin
Les troncs toussent
les tours ploient
le décor gonfle
la nature morte
jaillit d’une voix
grosse de nostalgie
L’idée de désert
Le sable râpe
les rêves de poussière
Aux coins du rêve
poussent des lichens
Des signes fébriles
bruissent sur
la ligne d’horizon
L’aube lacère un rêve oublié
La ville macère
entre échangeur
et déchetterie
Dernière nouvelle
On a visualisé une âme
au hasard d’un toucher pectoral
Le cerveau n’en a cure
Elle est nichée
tout près du nombril
très précisément
dans l’axe des rotules
Dès lors que la température
ambiante fait des bonds
elle se répand
sur les vertes rives
du torse en floraison
Un double-clic suffit
pour la colorier
C’est mieux pour la déchiqueter
et tester son ardeur
Volet buissonnier
Dans la chambre babillarde
je suspends les transparences
Ne pas oublier d’égoutter
les buzz intempestifs
rabibocher un scoop
qui traîne, épingler
quelques arborescences
de mots écorchés
dans la chambre de Babel
Je guette un départ
pour Babylone – veiller
à décoller les buvards
sur les vitres souillées
d’ondes, les vider
de leurs menteries
Retour sur le quai
Les retards annoncés
étourdissent
les voyageurs
Au bar des impatiences
on dégoise on déglutit
L’ouragan approche
Je filme une rixe
Dans la bulle de verre
les boutiques
sont murées
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Fernand-Joseph Meyer est poète et journaliste (La Semaine etc). Il vit et travaille à Thionville.