Aurore Reichert
(France)
Coeur tambour
à travers le feuillage bercé
des fleurs de lumière se parfument
le printemps s’est fardé
sous le soleil d’enclume
je me demande si tu es là
si tu sens palpiter la joie
mon coeur tambour en vie
le tien s’est endormi
je voudrais t’écrire une chanson
mon rempart
contre la démission
un poème qui déchire l’oraison
en bazar
papillons dans les buissons
mon coeur tambour en vie
le tien s’est endormi
persienne de feuilles décoiffées
projette des ombres sur ma main
tous les mots tatoués
me soufflent que tout va bien
la pluie traine encore dans son lit
la porte baille les abeilles sortent
j’ai le bourdon heureux
la journée n’est pas morte
je ne saisis pas toutes les raisons
ton départ
ne résout pas la saison
je refuse d’envoyer l’émotion
en faire-part
l’été traverse les prisons
j’ai le bourdon heureux
toi tu es dans les cieux
…tu voltiges…
mon poème déchire son baratin
en pagaille
papillons dans les broussailles
un pied de vent me montre le chemin
gouvernail
au beau milieu des murailles
Le cri-vent
il tourne comme un lion en cage en cercle tourbillonne sable dans la gorge dans la grotte aux murs secs
le vent levé se propage et gronde l’onde de choc chaque seconde inonde le vieux monde en échec
un homme a changé en feu tous ses ronds de tristesse c’est l’arme d’un mort, son corps parle encore
du fond de la ronde trappe du rond de la bouche c’est de là qu’ils s’échappent
le son le mot la balle sans rebond et le plomb sans la peau le souffle qui arrose le désert tous les maux relâchés les lions envolés les oiseaux rugissant…
… le vent …
courant qui soulève la foule comme une vague une houle s’avance et rugit inspire est-ce pire
que moi les deux doigts dans la prise tant je culpabilise d’allumer mes lumières mais sans idée précise
le vent envahissant l’impasse du passe-temps imbécile soulève des poussières d’ouragans immobiles
les faunes ouvrirons les trappes et l’oeil du cyclone c’est de là qu’ils s’échappent
le son le mot la balle sans rebond et le plomb sans la peau le souffle qui arrose le désert tous les maux relâchés les lions envolés les oiseaux rugissant…
… le cri …
Grince-vent
Petit garçon dans les bras de maman
si fragile
tu ne pèses pas bien lourd
avec tes os cassants
regarde comme je croque la vie à pleines dents
regarde comme ils troquent ta vie pour de l’argent
la faim est là fin est là fin est là…
petite fille dans les bras de papa
si agile
t’es déjà dans la cour
avec Akira
écoute ma chanson j’ose y mettre du cœur
écoute ton cœur : dosimètre en action
le feu est lent
l’enfer et la fin est là…
Les gestes
jeter un oeil dans le brouillard
et d’aussi loin qu’on puisse le voir
le sous-bois semble dormir
les narcisses figent leur sourire
ouvrir la porte de bois mort
remuer l’air du dehors
la robe en fleurs là sur son fil
funambule tête en bas immobile
où sont passés les gestes du matin?
je sens passer légers restes de parfums
où sont partis les vents les bruissements?
les alizés les être en mouvement?
les arbres leurs secrets noueux
vastes statues aux bras anguleux
les vivants taisent leur argot
le ruisseau contient ses flots
frayer dans l’herbe briser la verdure
pas de soupir dans la déchirure
écraser les minuscules
la nature capitule
où sont passés les gestes du matin?
je sens passer légers restes de parfums
où sont partis les vents les bruissements?
les alizés les êtres en mouvement?
où sont passés les gestes du matin?
sont oubliées les essences de parfums
tout est rangé tout est posé bien sage
pourquoi rêver de vivre dans une image?
Pollen
quand vient la douceur de l’air
le monde autour a peur des flots
la pluie glacée en coulisse
et s’il était trop tôt?
le vent joue les entremetteurs
entre le ciel et la terre
se tisse
l’espace
d’un instant
le pollen se dépose comme
du coton dans les entailles
la peau de terre se réveille en somme
il faut que l’hiver s’en aille
quand vient la douceur de l’air
le monde autour à fleur de peau
se déploie ou se plisse
fait-il froid, fait-il chaud?
quand tu repousses ma peau de laine
entre mes deux épaules
se glisse
la surface
du vent
ton pollen se dépose comme
tu passes à travers les mailles
ma peau de laine se défait en somme
il faut que l’hiver s’en aille
Un pied de vent
à pied et solitaire
dans la ville endormie
la musique doit se taire
pour la nuit
mille rayons solaires
tombent à contre-jour
un pied de vent a ouvert
les nuages tristes et lourds
appelés et solidaires
dans la ville ahurie
c’est un ami qu’on perd
pour la vie
un pied de vent a ouvert
un passage dans le jour
nos yeux se tournent vers
les nuages carrefours
les pieds du vent ont ouvert
des passages dans le ciel
nos yeux se tournent vers…
les nuages ont des ailes
Aurore Reichert est une poète qui chante, une chanteuse qui poétise le monde. Voix envoutante, elle avoue aimer la métaphore et la métamorphose des pensées musicales.
Écoutez ses paroles, en lisant leurs cliquetis…
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